Un petit bout de Choréart à Port-au-Prince
Notre directrice Colette Coenraets, a donné cours en Haïti cet été.
Un projet qui lui tenait à cœur depuis 3 ans.
Pendant 3 ans, je n’ai pu réaliser ce projet en raison de divers événements sanitaires, politiques et de sécurité sur place. Cette année, enfin… en 3 jours mon départ s’est concrétisé !
Arriver sur l’île n’est pas facile, la quitter l’est encore moins…
Dans l’avion, un petit sac en cabine : quelques tenues de danse, des vêtements personnels, des musiques de cours. Ma valise par contre déborde de costumes pour le spectacle qui clôturera le stage et de quelques litres d’anti-moustiques …
Atterrir à Port-au-Prince est singulier. Je suis envahie de tant de sentiments différents. Tout va très vite, atterrir, suivre les consignes sécuritaires : ne pas s’attarder, quitter l’aéroport en mode « tu connais bien Port-au-Prince »… (euh… pas vraiment mais jouons le jeu).
Retrouvailles avec Jean Apollon, le fondateur du stage.
Jean Apollon est un ancien danseur professionnel formé entre autre au célèbre ballet américain « Alvin Ailey ». Aujourd’hui professeur au Boston Ballet, une ville où il possède également sa propre compagnie de danse, il organise chaque été, depuis 2006, un stage de danse gratuit en Haïti, son île, dont on sait qu’elle mettra encore de trop nombreuses années à se relever du tremblement de terre qui l’a dévastée en 2010. Un stage qui prend encore plus d’importance à la lumière de cet événement tragique et dont le but premier est d’offrir à une soixantaine d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes, un accès à une discipline qui leur resterait interdite autrement.
Il y a 3 ans, j’ai eu la chance de rencontrer Jean Apollon au Boston Ballet. J’ai souhaité partager avec lui mon savoir sur une discipline qui m’a tant apporté. L’idée m’est venue de lui proposer mes services. Des contacts ont été prolongés, des mails envoyés, des coups de fil échangés, et ma requête a reçu une réponse favorable. Inutile de vous dire que j’étais ravie! Je vous ai déjà fait part des vertus de la danse… le réaliser dans une optique caritative et sociale me comble de bonheur.
1er jour de cours
68 élèves âgés entre 5 et 23 ans m’attendent… Prévenus de mon arrivée par Jean Apollon déjà depuis plusieurs jours, me voici face à 68 paires d’yeux figés sur moi et impatients. En quelques secondes il ne m’était pas possible de combler avec les 2 miens, les 136 yeux fixés vers moi, mais le message était clair… Malgré les sirènes, les klaxons et la musique dans les rues avoisinantes, malgré les aboiements des chiens, les cris des poules poursuivies et conscientes du sort qui leur était réservé, aucun de ces bruits ne pouvaient perturber ces jeunes avides d’apprendre. J’ai connu pour la 1ère fois de ma carrière un silence total … dans un vacarme incroyable …
Quelques mots d’introduction pour leur expliquer ma venue, pourquoi il m’était si important de venir vers eux. Leur expliquer combien il est extraordinaire que la danse parvienne à réunir les gens, les peuples, et cela depuis des milliers d’années. Comment remercier « Madame Danse » grâce à qui nous allions communiquer et grandir chacun différemment.
L’art est un partage, il serait égoïste de le garder pour soi.
Les stagiaires commençaient à 9h00 et finissaient à 16h00. Certains mettaient 1h30 à pieds matin et soir pour se rendre au stage. Ils y ont été acceptés lors d’une audition basée uniquement sur leur motivation. Certains arrivaient 1h à l’avance pour pratiquer !
La discipline et la rigueur étaient de mise. Outre la technique de la danse, Jean Apollon souhaite à tout prix leur inculquer la rigueur. C’est aussi grâce à elle qu’ils pourront avancer dans leur vie respective. Sur 80 stagiaires acceptés à l’audition cette année, 12 ont été remerciés pour retard ou manque de sérieux !
Le ton était donné et bien respecté par les stagiaires et les enseignants.
Il m’importait aussi de communiquer à ma mode : mieux les connaître pour leur donner ce que je pouvais en si peu de temps était pour moi essentiel ! La pédagogie choréartienne avait bien atterri à Port-au-Prince !
Vous avez là le cadre de cette expérience incroyable que j’ai vécue. L’essentiel et les sentiments sont eux à jamais ancrés en moi et difficilement explicables par des mots. J’ai toujours préféré m’exprimer par la danse… qui sait ce que cela pourra engendrer…
Merci à vous !
Il y a 3 ans, je m’étais engagée à essayer de récolter des fonds pour nourrir les 50 stagiaires de cet été là, durant 15 jours.
Un jour de nourriture revenait à 3 dollars par stagiaire, environ 2 € à l’époque. Il me fallait donc réunir 100 € par jour, soit 1.500 euros au total.
J’avais décidé de partager cette expérience avec vous et avec mes élèves pour qu’ils se sentent eux aussi impliqués dans une bonne action envers des enfants de leur âge qui vivent loin d’eux et, surtout, qui n’ont pas la même chance qu’eux.
C’est pourquoi j’avais décidé de parler de cette action en espérant simplement peut-être une participation financière pour quelques repas ou qui sait un investissement différent qui pouvait m’aider à récolter des fonds ou faire connaître cette initiative.
Votre participation avait été importante et mon but atteint, les repas des stagiaires ont été assurés par votre participation généreuse ! (Dons, organisation de ventes de crêpes et gâteaux…) J’ai pu cette année me rendre compte combien cette action était importante et je tiens au nom de tous et en mon nom vous en remercier chaleureusement !
Choréart a également fait parvenir l’ancien tapis de danse du studio « New-York » par bateau à Port au Prince. Un luxe pour eux !
Pour partager leur bonheur, voici un petit reportage photos de mon voyage de cet été.
Un tout tout grand mèsi (créole haïtien…)
Colette Coenraets.
Directrice Centre de danse Choréart.